Après les élections présidentielles qui ont permis de réélire Abdoulaye Wade pour un mandat de cinq ans à la tête du pays, place maintenant aux élections législatives prévues le 3 juin. D'ores et déjà les politiciens s'activent pour convaincre l'électorat sénégalais de leur donner le maximum de voix en vue d' une présence forte et effective à l'assemblée nationale. 150 représentants du peuple vont devoir débattre et approuver ou désapprouver l'ensemble des textes législatifs qui leur seront soumis. Les enjeux sont importants pour le pays, puisque l'assemblée est le lieu idéal où s'exerce normalement la volonté populaire, la véritable démocratie. Encore faudrait-il donner la place aux différentes composantes de la population pour une prise en compte de toutes les forces vives de la nation. Il n' y a pas de démocratie sans contre pouvoir, autrement dit l'opposition est nécessaire afin de garantir la paix, assurer le développement et relever les nombreux défis qui nous interpellent.
L'équilibre entre l'exécutif, le judiciaire et le législatif est souhaitable dans tous les régimes démocratiques, or à la lumière de ce qui se passe actuellement au Sénégal, cet équilibre est loin d'être acquis. Une partie de l'opposition sénégalaise significative dénommée Coalition Populaire pour l'Alternative (CPA) réunissant les principaux chefs de partis, a décidé de mener une campagne anti-campagne en vue de boycotter les élections législatives. Ces partis jugent qu'il n'y a pas eu de concensus dans le code électoral et qu'ils ne battront pas campagne, au risque de perdre des sièges à l'assemblée. Déjà l'opposition avait obtenu une annulation du décret présidentiel portant répartition du siège des députés, qui n'était pas conforme à la législation, entraînant du coup le report des élections législatives qui étaient couplées avec les présidentielles du 25 février.
Des élections libres démocratiques et transparentes supposent au préalable un concensus sur le code électoral. Selon la CPA l'audit du fichier électoral est loin d'être satisfaisant après la vérification de l'ensemble du processus électoral que leur permet la loi. Malgré la refonte du fichier électoral qui en passant a coûté aux contribuables sénégalais plus de 24 milliards de francs cfa, des divergences subsistent, entre autres le recours à la biométrie pour empêcher les votes multiples. Déjà en février la Commission Nationale Electorale Autonome (CENA) avait interpellé le ministre de l'intérieur sur 7 points qui à son avis étaient à revoir parmi lesquels, la disparition de 1, 5 millions d'inscrits rejetés par le fichier automatisé.
De l'alternance qui avait permis à une coalition de partis de l'opposition de remporter les élections de 2000, à l'alternative proposée par une coalition populaire pour s'opposer à la non réelection du Président Wade en 2007, c'est l'atermoiement du peuple sénégalais qui est plutôt mis en exergue. Les nombreuses crises scolaires continuent de paralyser le pays, les jeunes sénégalais continuent toujours de braver la mer à la recherche de l'Eldorado occidental et finalement la population sénégalaise ne sait plus à quel sain se vouer.
Les politiciens à qui revient l'organisation de la cité sont plutôt attirés par un jeu d'hypocrisie caractérisé par des stratégies d'alliance, qui pourraient leurs ouvrir des postes ministériels dans le futur gouvernement. C'est dire que le peuple a du mal à s'y retrouver ...
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Elections législatives au SénégalVa t-on vers une assemblée à mouvance présidentielle? |