Le soir du 26 février 2012, les sénégalais éliront un nouveau président de la république. D'ores et déjà les candidats se manifestent pour présider au destin du peuple sénégalais. Ce que l'on attend d'eux, c'est un minimum de respect. Respect pour les souffrances endurées, respect pour le parcours exemplaire du peuple qui en choisissant l'alternance a choisi en même temps la non-violence, respect pour la dignité du peuple sénégalais. On ne cessera jamais de le rappeler, les sénégalais n'ont pas besoin de folklore ni de mascarade, l'une des qualités fondamentales du futur président sera la probité intellectuelle et morale. Le Sénégal n'en manque pas et il faudra certainement donner la chance aux candidats méritants pour conduire les affaires du pays. J'en reviens toujours au juge Kéba Mbaye au risque de me répéter, il doit demeurer une référence surtout pour les jeunes générations qui ont en main les cartes d'électeurs. Je veux justement leur dire non seulement les grandes vertus d'un homme d'État mais surtout des exemples dans la sphère politique sénégalaise qui les éclairciront d'avantage sur le choix à porter sur le futur président. Le juge Kéba Mbaye disait dans ses propos que:
« Que ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir et en abusent, ou qui se sont enrichis en foulant aux pieds les règles d’éthique se le disent bien ; ils n’inspirent aucun respect aux autres Sénégalais. Or le respect de ses concitoyens est le bien le plus précieux du monde. C’est le seul qu’il faut désirer, qu’il faut rechercher. C’est le seul qui est admiré. Le respect dû au pouvoir ou à l’argent, s’il a un autre nom, s’il s’appelle crainte ou courtisanerie, c’est que les paramètres éthiques qui les régissent se sont déréglés. Or, la crainte et la courtisanerie sont détestables parce qu’elles avilissent celui qui les inspire comme celui qui en est la proie. Elles ne durent que le temps que dure la force ou la fortune qui les motivent, c’est à dire peu ; et elles s’effacent avec la perte du pouvoir ou de l’argent Le pouvoir est fait pour servir. Il est passager ; l’argent ne sert qu’à satisfaire les besoins ; au delà, il est inutile ».
La courtisanerie est un fléau dans l’espace politique sénégalais et il faut en prendre conscience. Beaucoup de candidats se sont déclarés ou envisagent de se présenter, sans jeter la pierre sur personne, il faut se dire que les sénégalais ont surtout besoin de sang neuf et à tous les nouveaux. Je n’ai rien contre les candidatures indépendantes comme celles d’Ibrahima Fall, Lamine Diack, Moussa Touré ou autres connus de la vie politique sénégalaise. Pour le professeur Ibrahima Fall bien que je ne doute de sa probité intellectuelle et morale a été ministre des affaires étrangères sous le règne du président Senghor avant d’aller occuper des fonctions aux Nations-Unies. Certes c’est un candidat de qualité mais faut-il le rappeler, il a été le ministre de l’éducation nationale qui a inauguré la première année blanche dans le système éducatif sénégalais. Même s’il n’est pas entièrement responsable, il s’est illustré dans la scène politique. Lamine Diack a occupé des fonctions ministérielles. Moussa Touré de même eu à occuper le ministère des finances avant son parcours dans l’UEMOA (union monétaire des États de l'Afrique de l'Ouest) La force de ces trois candidats résident certainement dans leur expérience dans la conduite des affaires de l’État mais également à leur expérience internationale dans les organismes internationaux. Moustapha Niass est le candidat de Benno siggil Sénégal (traduit du wolof ensemble pour rendre honneur au peuple sénégalais). El Hadj Momar Samb de la RTA/S (Rassemblement des travailleurs Africains/Sénégal) serait un candidat idéal pour cette coalition, lui qui a toujours été du bond bord et en même temps il est un exemple dans son engagement politique. Il a été de tous les combats depuis les mouvements Xarebi journal et organe de lutte de l'ancien And jëf MRDN, le mouvement révolutionnaire pour la démocratie nouvelle, dot il assurait la coordination). Moustapha Niass de même a été ministre des affaires étrangères depuis btrès longtemps dans le régime socialiste du temps de l'ancien président de la république Léopold Senghor et pire il a contribué largement à l’élection du président Abdoulaye Wade, il est vrai certes avec la complicité de l'électorat sénégalais.La candidature féminine du Professeur Amsatou Sow Sidibé serait la bienvenue même si l'assise politique lui fait défaut. Elle incarne pour le moment tout l'espoir des femmes mais aussi des hommes sénégalais par sa vision et sa volonté de vouloir changer les choses. Elle n'est pas la seule des candidats à afficher cette marque, Bruno Victor Louis d'Erneville, Moubarack Lô par exemple. Nous voulons d’un président qui n’appartient à aucune tendance ou groupuscule, difficile de l'avoir au Sénégal vous me direz. Mais il existe ce candidat et il est à chercher dans les nouveaux visages et c'est un risque à prendre. La transhumance politique au Sénégal est tellement banale que c'est un sport national.
Beaucoup de ces prétendants sont tellement politiquement ancrés dans la société sénégalaise que je doute de leur indépendance. Reste maintenant les candidats indépendants comme les professeurs Moustapha Samb, Arona Ndoffène Diouf, Amsatou Sow Sidibé, l’ingénieur Bruno d’Erneville et peut-être le journaliste Latif Coulibaly. Ils incarnent tous l'espoir et sont inconnus au bataillon des hommes politiques. Ils symbolisent non seulement la rupture mais le renouveau, le type de sénégalais dont a décrit les initiateurs du mouvement rap Y en a Marre dans leur déclaration du 19 mars 2011.Ce sénégalais qui en ras le bol excusez-moi de l'expression et continue de crier son désespoir au grand dam de ces politiciens véreux.
« -Y EN A MARRE DES DELESTAGES QUI FONT MOURIR DES NOURISSONS DANS LES CRECHES DES HOPITAUX,
-Y EN A MARRE DE TOMBER MALADE SANS POUVOIR ACCEDER AUX SOINS PRIMAIRES,
-Y EN A MARRE DE DEVOIR BASARDER MA RECOLTE, APRES PLUSIEURS MOIS DE DUR LABEUR DANS LES CHAMPS
-Y EN A MARRE DE LA VIE CHERE,
-Y EN A MARRE DE L’ECOLE ET DE L’UNIVERSITE BLOQUEES,
-Y EN A MARRE DES JEUNES SOLDATS SENEGALAIS QUI PERDENT LEUR VIE EN CASAMANCE,
-Y EN MARRE DES POPULATIONS DE LA BANLIEUE QUI PLOIENT DANS LES EAUX VERDATRES DES INONDATIONS ALORS QUE LE DOMAINE PUBLIC DE LA CORNICHE EST OCCUPEE ILLEGALEMENT PAR DES INDIVIDUS SANS AUCUN MERITE ;
-Y EN A MARRE DE L’IMPUNITE,
-Y EN A MARRE DE LA CORRUPTION QUI GANGRENNE NOTRE SOCIETE,
-Y EN A MARRE DE LA TRANSHUMANCE QUI DETRUIT LA MORALE ET LA CONVICTION EN POLITIQUE,
-Y EN MARRE D’UNE CONSTITUTION VIOLEE SANS RETENUE ; Y EN A MARRE ! Y EN A MARRE¨ !
-Y EN A MARRE AUSSI DE MOI-MÊME, toujours résigné sans me soucier de l’avenir de ma communauté.
-Y EN A MARRE DE MON COMPORTEMENT IRRESPECTUEUX AVEC LE BIEN PUBLIC
-Y EN A MARRE DE PISSER DANS LES RUES
-Y EN A MARRE DE MONTER DANS UN CAR RAPIDE SURCHARGE, DE VOIR LE POLICIER ENCAISSER LES CHAUFFEURS SANS LE DENONCER
-Y EN A MARRE DE RESTER A NE RIEN FAIRE FACE A L’INSALUBRITE DANS MON QUARTIER
-Y EN A MARRE DE CRITIQUER, TOUJOURS CRITIQUER SANS JAMAIS PRENDRE LA PEINE DE M’INSCRIRE SUR LES LISTES ELECTORALES».
Nous sommes tout simplement écœurés de voir nos dirigeants brader notre économie au nom d'une certaine Françafrique qui n'a pas encore finie de révéler le rôle des chefs d'États africains dans ce scandale inimaginable.
Ces litanies de devoirs et de droits caractérisent la société sénégalaise. Nous avons surtout marre des hommes politiques qui ne respectent aucuns de leurs engagements et nous sommes lasses de voir toujours les mêmes têtes ou les mêmes habitudes revenir. Que ceux qui ont eu le privilège par le passé de contribuer d’une manière ou d’une autre aux bonnes destinées du parti au pouvoir aient au moins la décence de se taire et de se faire oublier. Libres à eux de se présenter, ils en ont le droit mais de grâce un peu de respect.
Un rapide survol de l’actualité sénégalaise en ce jour du vendredi 18 février 2011[1], nous donne un aperçu de ce que vivent les sénégalais au quotidien.
Un ex-militaire a tenté de s’immoler par le feu devant les grilles de la présidence ? Par la suite nous apprendrons que le soldat Oumar Bocoum –qui s’était senti lésé dans ses droits dans sa carrière de militaire avec des missions parfois dangereuses pour la défense du territoire national– est finalement décédé des suites de ses brûlures. Wade très peiné par la mort d’Oumar Bocoum. Tanor Dieng [leader de l’opposition], l’immolation de Bocoum est une pluralité de messages. Malgré la mort d’un des leurs, les militaires invalides maintiennent la pression sur le gouvernement. Après la mort du soldat Oumar Bocoum, le fils de l’imam de Darou Mousty (ville religieuse mouride) menace de s’immoler par le feu. Le régime de Wade a battu le record des immolations par le feu. Ils veulent un retour à la normale dans 15 jours : les imams de Guédiawaye (banlieue dakaroise) fixent un ultimatum à la Senelec (Société nationale d’électricité). Les jeunes manifestent à Guédiawayecontre les délestages. De nouvelles émeutes de l’électricité à Thiès [région sénégalaise] dans la nuit du vendredi ; Ismaïla Madior Fall[professeur agrégé de droit public et de sciences politiques à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar] : « le problème de la constitution du Sénégal, c’est qu’elle a été faîte dans l’urgence ». Pr Kader Boye (ancien recteur de l’université Cheikh Anta Diop), la famille ne s’accommode pas avec la république ». Sénégal, enfants maltraités : les statistiques font peur. Maouloud à Kédougou [région du Sénégal], des prières pour le départ du président Abdoulaye Wade.
N’y-a-t-il pas de l’électricité dans l’air ? Si vous ne trouvez pas c’est ce que vous êtes insensibles aux calvaires des populations sénégalaises. On ne saurait se taire devant une telle situation et dire que le Sénégal était cité parmi les États africains les plus démocratiques. Je pense qu’on ne peut pas en dire autant puisque le peuple est loin d’être servi. La faute d’abord aux politiciens de tous bords (puisque nombreux sont ceux qui sont dans l’opposition et qui ont cautionné certains programmes, participer activement à la mise en place de certaines instances ou simplement des citoyens ayant longtemps bénéficié des largesses du régime socialiste et qui ont retourné leurs boubous depuis, ce que l'on pourrait assimiler à du Mbaraan politique[1]
vestes). On a le droit de se tromper mais persévérer dans l’erreur devient une faute inexcusable. Au lieu de servir le peuple, ils se servent du peuple et hier où l’on s’inquiétait du nombre de chômeurs dans la population sénégalaise, aujourd’hui on s’interroge sur la montée fulgurante d’une partie de la société sénégalaise dans le clan des nouveaux riches. Ce qui gêne surtout c’est l’insolence et le mépris de certains politiques qui ne comprennent rien aux signes révélateurs d’une décadence proche. Depuis 1988 la situation n’a guère changé sur le plan social et économique mis à part l’embellissement de la capitale (à quel prix ? et probablement sur le dos des contribuables sénégalais), Je ne verse pas dans le négativisme en énumérant au début ces faits d’actualité, il y a certes des choses positives notamment la loi sur la parité, la fin du monopole français en ce qui concerne les fameux accords de défense avec la France et certainement d’autres aspects positifs initiatives qu’il convient de saluer et à mettre dans l’actif du Chef de l’État. Mais celles-ci ne se reflètent pas sur les conditions socio-économiques des sénégalais qui n’arrive plus à voir le diable pour lui tirer sa queue, passez-moi l’expression.
Ce que nous décrions n’est rien d’autre que le comportement des politiques au pouvoir qui foulent les règles les plus élémentaires de l’éthique. Rappelons à ce titre la vision éclairée de Max Weber sur ce sujet :
« Toute activité orientée selon l’éthique peut-être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées : l’éthique de responsabilité[2] et l’éthique de conviction[3] L’éthique de responsabilité. Elle peut s'orienter selon l'éthique de la responsabilité ou selon l'éthique de la conviction. Cela ne veut pas dire que l'éthique de conviction est identique à l'absence de responsabilité et l'éthique de responsabilité à l'absence de conviction. Il n'en est évidemment pas question. Toutefois il y a une opposition abyssale' entre l'attitude de celui qui agit selon les maximes de l'éthique de conviction - dans un langage religieux nous dirions : « Le chrétien fait son devoir et en ce qui concerne le résultat de l'action il s'en remet à Dieu» - et l'attitude de celui qui agit selon l'éthique de responsabilité qui dit: « Nous devons répondre des conséquences prévisibles de nos actes. » Vous perdrez votre temps à exposer, de la façon la plus persuasive possible, à un syndicaliste convaincu de la vérité de l'éthique de conviction que son action n'aura d'autre effet que celui d'accroître les chances de la réaction, de retarder l'ascension de sa classe et de l'asservir davantage, il ne vous croira pas. Lorsque les conséquences d'un acte fait par pure conviction sont fâcheuses, le partisan de cette éthique n'attribuera pas la responsabilité à l'agent, mais au monde, à la sottise des hommes ou encore à la volonté de Dieu qui a créé les hommes ainsi. Au contraire le partisan de l'éthique de responsabilité comptera justement avec les défaillances communes de l'homme (car, comme le disait fort justement Fichte[4] (on n'a pas le droit de présupposer la bonté et la perfection de l'homme) et il estimera ne pas pouvoir se décharger sur les autres des conséquences de sa propre action pour autant qu'il aura pu les prévoir. » (Weber, 1994 : 206-207).
En somme adapter ses moyens selon les objectifs visés en agissant avec humanité comme on agirait avec soi-même– ne pas voler, respecter l’autre, ne pas faire du tort à l’autre, etc., avoir le sentiment d’avoir bien agi– mais aussi assumer ses actes– en étant comptable de ses propres actions et se dire que nous aurons à rendre compte –. Le cas du soldat Oumar Bocoum est assez édifiant, si les politiques avaient l’un de leurs propres fils dans cette situation, agiraient-ils de la sorte, se diront-ils que si je laisse cette situation en l’état des comptes me seront demandés et ma responsabilité est justement d’apporter des solutions. Que nenni !
C’est ce cynisme politique qu’il faut dénoncer et il a touché presque tous les secteurs d’activité. Le seul domaine qui marche au Sénégal est la musique, les divertissements comme les combats de lutte pour endormir les sénégalais et les éloigner de leurs propres réalités. Encore que ces combats occasionnent souvent de multiples conséquences malheureuses à savoir le détournement de la jeunesse vers cette pratique sportive au détriment de l’éducation, de l’apprentissage– l’image des lutteurs qui gagnent des sommes d’argent énormes renvoient souvent à des raccourcis pour se réaliser matériellement–, la prolifération de bandes de milices issues souvent de ces milieux, ce qui accroît les risques d’insécurité dans la capitale.
Tout cela pour dire que c’est la faute des politiciens qui ne pensent qu’à préserver leurs acquis. Quand j’entends dire que Dakar n’est pas Tunis ni la Lybie je me dis qu’ils n’ont encore rien compris. Pourtant Tripoli n’est pas Tunis ni le Caire, c’est dire qu’à force de mépris, d’insolence vis-à-vis de sa population, on en arrive à ces situations. Le point commun de tous ces soulèvements demeure l’indignation des populations face à la classe dirigeante qui ignore les règles fondamentales de la dignité humaine. Se nourrir correctement, se vêtir, avoir un toit, s’émanciper individuellement mais surtout avoir le sentiment de vivre dans une société juste. Hors ce qui s’est passé au Sénégal depuis l’avènement de l’alternance montre qu’on est loin de cette situation. Combien de scandales financiers ont été dévoilé par la presse et combien ont été étouffé ou caché ? Combien de dérives ont été observé dans les atteintes à la liberté ? Combien de ruses ont été opérées pour modifier la constitution ? De malversations, de corruptions, d’escroqueries, de gabegies etc. Ce n’est pas parce qu’on a été élu « démocratiquement » qu’on peut se permettre de se jouer de la démocratie. Un neveu à l’assemblée nationale, des fidèles au niveau du sénat, des courtisans comme ministres et comble de tout un fils qui surveille les finances du pays et une fille comme conseillère, papa et fiston dans le gouvernement. Si ce n’est pas un clan ça lui ressemble.
Si le baobab socialiste a été déraciné en 2000 avec l’alternance, nous le devons d’abord à la jeunesse sénégalaise et malheureusement il faut le reconnaître au Président Abdoulaye Wade qui a été le propulseur. Mais ce n’était pas pour laisser pousser ces racines et voir d’autres baobabs resurgirent. L’ère des dictateurs est révolu de même que l’ère des monarchies, des scrutins gagnés avec 99 % mêmes les coups d’état constitutionnels avec des mandats qui se renouvèlent. Comme le disait le juge Kéba Mbaye dans ses paroles pleines de réalisme :
« Ainsi, quand j’entends certains parler de l’alternance que j’avais préconisée dix neuf ans avant sa survenance, j’ai le sentiment que pour eux elle est une fin, alors qu’elle doit être répétée ad vitam eternam, pour témoigner de l’ancrage de la démocratie dans nos mentalités et nos mœurs.
L’essentiel, c’est de sortir de cette situation avec dignité, en sauvegardant l’intégrité de notre territoire, l’indépendance de notre pays, les conquêtes démocratiques de notre peuple et l’intangibilité de notre Constitution. Cela ne peut être l’affaire d’un seul homme, ni même l’affaire d’un seul parti. C’est le devoir de tous les Sénégalais de faire preuve de maturité, pour garder notre pays de l’aventure, et assurer son développement harmonieux, selon notre propre formule de vie. Il faut que chacun de nous enterre ses ambitions personnelles et oublie les vieilles querelles, pour "se ceindre les reins comme un vaillant homme", au nom de l’intérêt exclusif de la nation. L’objectif permanent devra être la consolidation de la démocratie… qui ne laissera plus le moindre doute sur la sincérité des résultats des suffrages .Il faut aussi, que gouvernants et gouvernés, membres ou non des partis politiques, acceptent sans arrière-pensée, le principe de l’alternance à la tête des affaires de l’Etat. Ces affaires ne sont le bien de personne ; elles appartiennent au peuple qui en délègue la gestion temporaire, non à un maître comme on a souvent tendance à le penser sur ce continent, mais à un serviteur. »
Le débat actuellement au Sénégal tourne autour de la candidature du président Abdoulaye Wade aux prochaines élections. Quand j’entends des intellectuels soutenir sa candidature je doute sur leur probité. Ils veulent certainement sauvegarder leur position actuelle qu’ils ne doivent qu’à leurs courtisaneries. C’est vrai que nous sommes en démocratie et que n’importe quel citoyen a le droit de se présenter mais la décence voudrait qu’après deux mandats, on cède la place. Il y a suffisamment de Sénégalais compétents et intègres pour diriger ce pays et seul le peuple est légitime pour choisir son futur président. La politique du ventre consistant à distribuer à tour de bras des billets de banque à qui veux-tu en voilà, des sacs de riz, de l’huile à des pères de familles ternit notre démocratie et nous fait reculer de 10 ans en arrière. Les Sénégalais n’ont pas aujourd’hui le sentiment que les politiciens œuvrent pour le bien des populations, que l’honnêteté, le civisme servent à quelque chose. Le laxisme, l’incompétence, l’insolence sont érigés en règle de droit.
« Déterminons-nous à débusquer et à écarter sans complaisance, au besoin à punir sans faiblesse ceux qui ruinent ce pays ou le desservent : les corrompus et les antinationaux, les roublards et les paresseux. Cultivons l’honnêteté et le courage au travail. Que chacun, au poste où il est, du ministre au planton, du chef d’entreprise au manœuvre, considère comme reposant sur ses seules épaules, le destin de la nation. Inventons un système qui ne récompensera désormais que la compétence, le travail et la probité ». (Mbaye, 2005 : 13, 14).
Ce système est à revoir d’autant que ceux qui sont censés montrer l’exemple se conduisent comme des irresponsables. Comment accepter dans un pays qui ne dépasse pas les 10 millions d’habitants, qu’il y ait plus d’une soixantaine de partis politiques. S’il faut travailler, toujours travailler et encore travailler pour ne pas voir les fruits de son travail, alors ce n’est plus la peine d’être vertueux. Le train de vie de l’État est à revoir et les hommes politiques se doivent d’être des exemples de probité. Il faudra revoir tout le système et le juge Kéba Mbaye (2005 : 17) nous a montré la voie à suivre.
« Plutôt que d’avoir de grands politiciens, cherchons à avoir de grands médecins, de grands ingénieurs, de grands professeurs, de grands spécialistes de l’économie et des finances et même des savants. Les pays les plus puissants du monde ne sont pas ceux où la politique est reine. C’est plutôt le contraire ».
Une chronique du journal le Monde datée du 17 février dernier, une interview du président de la république datée du 24 février (Journal Marianne du 24 février) et celle du rappeur Didier Awadi dans le même journal (25 février), nous décrivent la situation qui prévaut actuellement au Sénégal. Au-delà de ses trois récits diamétralement opposés se pose le problème de l’alternance démocratique et de ses conséquences. Le Sénégal sombre lentement mais sûrement dans une dérive marquée par l’incompétence de ses dirigeants politiques. Comment comprendre qu’à 86 ans qu’un chef d’État puisse gouverner un pays et prétendre à une probable réélection pour les prochaines présidentielles en 2012 ? It’sshoking, et le pire c’est d’avoir fait rentrer son fils dans le gouvernement.
En 1988, j’ai été de cette génération de sénégalais qui gavait sans mesures les paroles de M. Abdoulaye Wade et de rêver sur les jalons que l’opposant qu’il était posait afin d’emmener le Sénégal vers des lendemains meilleurs. C’était l’avènement du Sopi (changement en wolof) et nombre de jeunes de ma génération ont cru à l’alternance démocratique qui allait s’opérer avec le pape du Sopi. C’était notre guide au moment où le Sénégal sombrait dans une situation sociale désastreuse (chômage chronique, vie chère, année blanche, corruption, misère sociale, etc.). Aucune perspective à l’horizon et l’on se rappelle cette sommation du défunt juge Kéba Mbaye au lendemain de la démission du président Senghor, qui s’adressant à son successeur Abdou Diouf disait que les Sénégalais sont fatigués.
En 1988, le peuple était dans la rue et prêt à se sacrifier pour rompre avec la monotonie que le régime socialiste qui régnait depuis 30 ans. Notre guide et sauveur M. Wade nous appelait à la désobéissance civile lors de la commémoration de la fête nationale de l’indépendance du pays. Les quelques jeunes que nous étions avions répondu à cet appel pas le moins du monde républicain et comme prévu, cette manifestation fut sévèrement réprimée. Quand l’opposant qui symbolisait à nos yeux l’espoir fut emprisonné et traduit au tribunal, nous avons encore montré notre solidarité en défiant toutes les interdictions au péril même de notre avenir. Je n’oublierai jamais ce jour où nous nous étions levés tôt le matin pour pouvoir passer les barrages des policiers qui empêchaient la population d’aller vers le tribunal au Cap Manuel, puisque dès huit heures le matin, il était impossible de rallier la ville. Nous étions là à respirer les grenades lacrymogènes et les coups de « lif » (matraques des policiers), un jour de carême de surcroît, le fils du président n’était pas parmi nous ce jour-là, tant pis notre cause nous paraissait juste.
Depuis de la larve a coulé sous les ponts et pour peu qu’on n’y prête garde le volcan des mamelles risque de connaître une éruption sans précédent. Tous les ingrédients sont actuellement réunis pour que le Sénégal jadis connu pour sa stabilité sociale bascule vers l’irréparable. Pourquoi nous en sommes là ?
Au-delà de la responsabilité des dirigeants politiques qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts, il faut analyser la société sénégalaise dans son ensemble. D'abord, les valeurs individuelles qui pourraient symboliser la réussite dans la société sont détournées au profit d’une philosophie de vie basée sur le Bul faalé " T’occupes pas en langue wolof " Ces acteurs qui, comme le souligne Jean François Havard (2004, 64) – parlant de l’émergence de figures de réussites sénégalaises vers les années 80, à l’instar de ce mouvement qui renvoie aussi à des figures types de la réussite. Tyson le célèbre lutteur sénégalais symbolisait cette génération et de là est venue la dérive de la société sénégalaise. La réussite scolaire n’est plus la référence sociale, il suffit juste de se faire les muscles pour avoir une place dans cette société à la dérive. Ce Bul faalé a gagné toutes les couches de la société sénégalaise et même le phénomène de l’entrisme politique et de la multiplication des partis politiques sont à ranger dans cette même mouvance. Ceci a entraîné des conséquences comme la corruption à tous les niveaux avec la complicité des marabouts et des politiciens qui ne pensent qu’à tirer profit de l’électorat.
À Dakar après les combats de luttes, les agressions sont automatiques et l’État est pratiquement impuissant face à ces actes de vandalisme qui gangrènent la capitale sénégalaise. Imaginer un seul instant avec les coupures incessantes d’électricité qui durent depuis des années, la peur que les Sénégalais vivent. Aujourd’hui, les jeunes n’ont qu’une pensée en tête, s’enrichir par tous les moyens en risquant leurs vies dans les pirogues de fortune pour émigrer ou s’entraîner à la lutte le long des plages pour espérer gagner les contrats juteux que l’on propose aux lutteurs
Les Sénégalais ne meurent pas de faim, nous dit-on, faites un tour dans les moyennes familles sénégalaises de la capitale et vous verrez que peu de gens arrivent à assurer le repas quotidien et dans les villages n’en parlons pas la situation est déplorable.
Qu’est ce que les politiciens nous proposent ? Des routes…des édifices inutiles (statue de renaissance avec 18 millions d’euros), un Sénat pour récompenser les frustés et surtout caser des amis et autres complices de l’appareil gouvernemental, des députés inefficaces et une opposition inexistante . Grâce aux travaux de l’Anoci (agence pour l’organisation de la conférence islamique), Dakar est en train de se métamorphoser, jusqu’à présent les citoyens n’ont pas idée des dépenses réelles qui ont été engagées et c’est le fils du président qui assurait la gestion de cette agence. Le journaliste Abdou Latif Coulibaly nous décrit dans son livre les Contes et mécomptes, la réalité des faits « l’Anoci a été d’abord conçue pour faire prospérer un projet de succession monarchique. Le système de représentation politique privilégié depuis toujours dans notre pays a été singulièrement renforcé au cours de ces huit dernières années et les modalités de légitimation qu’il enduit, ont créé un système de gouvernance et de conduite des affaires de l’ État, qui s’inscrivent en droite ligne dans la théorie générale proposée par Max Weber qui décrit l’État patrimonial. Cet État patrimonial est le terreau de toutes les corruptions politiques, de la prévarication administrative et de la concussion. Elles se sont aggravées avec la venue au pouvoir des libéraux » (Coulibaly, 2009 : 203).
Les infrastructures qui émergent actuellement de ces travaux est en faite un leurre, du sapoudrage, les cannaux à ciel ouvert comme celui de la Gueule Tapée (quartier de Dakar près de la corniche et celui légendaire de la baie de Hann me semblent prioritaires pour la santé des populations.
L’ancien président Léopold Sédar Senghor n’a jamais cherché à nous imposer son fils Philippe Maguilène Senghor que beaucoup de Sénégalais ne connaissaient pas, de même que Abdou Diouf qui se sont toujours distingués par leurs discrétions. Ils pouvaient faire du Buul faalé et verser dans le népotisme, que Nenni !
Le Sénégal n’est pas le Togo, l’ère des fils héritiers est dépassée et nos marabouts ont une très grande responsabilité dans cette affaire au-delà de celle des politiciens qui ont en charge les destinées du pays.
Il aura fallut une fois de plus un reportage à la télévision française (émission Thalassa, documentaire réalisé par Daniel Granclément : « les enfants de Mbour », du 27 février 2009 pour que les autorités sénégalaises réagissent en propos pour décrier ce phénomène récurrent. Même si le président est en colère contre les renseignements généraux qui sembe t-il n'ont pas été assez vigilants, le fait est là, il ne faut surtout pas se voiler la face. Les journalistes n'ont fait que montrer, la réalité. Certes elle dérange mais justement pour que les esprits se réveillent et se rendent compte que pareille situation ne devrait plus se reproduire.
Et pourtant ce problème a toujours existé dans ce pays au vu et au su de tout le monde et le phénomène des talibés ne cesse malheureusement de s’aggraver. Souvent dans les colonnes des quotidiens sénégalais, des faits de maltraitance sont relatés avec des cas qui peuvent aller jusqu’au meurtre. Récemment (voir le journal l’observateur dans sa livraison du 23 octobre 2008) avec la photo d’ un jeune talibé sauvagement bastonné par son marabout Que dire encore une fois sur ce reportage de Thalassa sur les enfants "Talibés "de Mbour, sinon que c’est la triste réalité d’un Sénégal en pleine dérive, marqué par une omerta sur la condition des talibés. Personne ne dit rien et le phénomène est devenu banal, faut-il pour autant ignorer ce problème, et s’en arrêter là ? Non bien sûr, heureusement qu'il existe quelques rares initiatives de personnes de bonne volonté qui luttent contre ce fléau des temps modernes mais le problème est beaucoup plus complexe et implique nécessairement une volonté politique et surtout religieuse. Le gouvernement a sa part de responsabilité ainsi que l’intelligentsia sénégalaise qui ne s’est pas suffisamment impliqué dans l’éradication de cette pratique inhumaine, les mots ne suffisent pas, il faut des actions concrètes. Il n’y a pas de débats à l’assemblée nationale pour se préoccuper de la situation, c’est dire le mépris que nos élus ont sur ce dossier. C’est en croire que nos politiciens sont maraboutés, aucun responsable politique ne s’est fait le défenseur de cette cause. Pourtant il suffit juste d’une volonté politique pour que ce fléau disparaisse, condamner tous les parents qui refusent de prendre leurs propres responsabilités et sévir contre les marabouts sans scrupules. Sur cette photographie prise dans un lieu symbolique, l'université Cheikh Anta Diop, les "Talibés" censés faire de l'aumône, se retrouvént dans les étales d'un bouquiniste, entrain de regarder les images illustrés des livres pour satisfaire leurs curiosités, qui sait espèrent-ils rêver à une meilleure vie?.
Créée 1951, la Librairie Clairafrique est la plus ancienne et la plus dynamique des librairies existantes au Sénégal. Spécialisée dans les manuels scolaires, La librairie est en même temps une papeterie et une maison d'édition. Je me rappelle bien les moments d'achats où nos parents se rués vers cette librairie située à la place de l'indépendance pour nous faire le plein de fournitures scolaires, avec les pages de couvertures, les compas, les règles et autres pâtes à modeler. C'était non seulement l'une des première librairie mais elle était aussi une librairie au service de la clientèle, à savoir qu'au delà de l'aspect commercial, elle avait aussi des ambitions sociales et ce n'est pas un hasard que le centre culturel Daniel Brothier soit à proximité, sa création et son expansion nous le devons à cette Librairie qui créa cet espace culturel où se faisait les différentes représentations culturelles de la capitale.
La certification Iso 9001 lui a été décernée pour justement récompenser les efforts de l'ensemble du personnel mais surtout que cette distinction s'inscrit dans la démarche de qualité de la Librairie. Toujours fidèle à sa mission qui est d'apporter à la clientèle le nécessaire pour le développement des aptitudes intellectuelles par le biais des livres, la librairie a toujours été du côté des amoureux de la lecture et ce n'est pas un hasard qu'aujourd'hui, l'une de ces agences soit à côté de l'université Cheikh Anta Diop et l'autre dans la région de Thiès.
Accompagner les intellectuels est une tâche difficile et périlleuse surtout dans nos démocraties naissantes mais au Sénégal, c'est une mission que la Librairie est entrain de réussir en invitant tous les vendredis, les sénégalais mais aussi l'ensemble des expatriés, touristes présents pour débattre de sujets d'actualités. C'est maintenant un lieu de rencontres, d'amitiés, de partage où il fait bon de s'y rendre non seulement pour satisfaire sa curiosité intellectuelle avec les ouvrages en rayons mais dialoguer, philosopher sur les évènements non seulement nationaux mais internationaux où tous les sujets sont abordés sans détours.
La Librairie Clairafrique est la plus ancienne et la plus dynamique des librairies existantes au Sénégal. Spécialisée dans les manuels scolaires,c'est maintenant un lieu de rencontres, d'amitiés, de partage où il fait bon de s'y rendre pour satisfaire sa curiosité intellectuelle avec les ouvrages en rayons mais aussi pour dialoguer, philosopher sur les évènements nationaux et internationaux où tous les sujets sont abordés sans détours. J'ai pu assisté à un débat sur le sujet religieux qui comme vous le savez n'est pas toujours facile à aborder mais les participants – au nombre desquels se trouvaient des hommes religieux très connus – ont discuté sans tabous de sujets brûlants. Fidèle à sa réputation, la librairie Clairafrique organise des séries de conférences animées par l’intelligentsia sénégalaise. S’il est au Sénégal un lieu où l’on peut débattre en toutes libertés, c’est bien à la Librairie Clairafrique qui organise tous les vendredis des rencontres débats sur des thèmes d’actualités. A l’affiche pour le samedi 13 septembre, une causerie sur la quête identitaire, approche psychanalyste animée par Liliane Izambard (psychologue clinicienne), avec comme modérateur le professeur Oumar Ndao. Depuis 1951, la Librairie Clairafrique s’efforce d’apporter une touche culturelle à ces différentes activités. Outre les activités commerciales qui est de proposer des ouvrages dans toutes les disciplines, La librairie est aujourd’hui un lieu convivial où les intellectuels se donnent rendez-vous chaque fin de semaine avec des causeries sur différents thèmes déjà abordés: la démocratie sénégalaise qui a été présenté par le professeur Madior Fall, Histoire de l'église catholique par le père Joseph Roger de Benoît, les enfants de la rue avec Mme Sylviane Diop et M. Babacar Fall. Intellectuels s’entend pour toutes les personnes qui aiment échanger, discuter et parler en toutes libertés des sujets de préoccupations actuelles. Vous avez un thème qui vous tient à cœur, vous voulez seulement partager vos idées, rencontrer des personnes intéressantes ou tout simplement être en phase avec les activités de la capitale sénégalaise surtout pour les expatriés nationaux comme étrangers, une seule direction, la Librairie Clairafrique sise à l’entrée du couloir de la mort à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar,Elisabeth Naveau, Justin Diatta et toute l’équipe de la Librairie se feront un plaisir de vous accueillir tous les vendredis et puisque Ramadan oblige, les débats commenceront dès 15h30.
Fidèle à sa réputation, la librairie Clairafrique organise des séries de conférences animées par l’intelligensia sénégalaise. S’il est au Sénégal un lieu où l’on peut débattre en toutes libertés, c’est bien à la Librairie Clairafrique qui organise tous les vendredis des rencontres débats sur des thèmes d’actualités. A l’affiche pour Ce samedi 13 septembre, une causerie sur la quête identitaire, approche psychanalyste animée par Liliane Izambard (psychologue clinicienne), avec comme modérateur le professeur Oumar Ndao. Depuis 1951, la Librairie Clairafrique s’efforce d’apporter une touche culturelle à ces différentes activités. Outre les activités commerciales qui est de proposer des ouvrages dans toutes les disciplines, La librairie est aujourd’hui un lieu conviviale où les intellectuels se donnent rendez-vous chaque fin de semaine.
Voilà des semaines que cette situation perdure, avec le non paiement des bourses pour les étudiants qui s’apprêtent à aller en vacances. Pendant que les athlètes du monde entier rivalisent pour battre des records aux jeux olympiques à Pékin, les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar s’emploient à battre le record des lancers de pierres. Triste sort après une année de labeur, les étudiants sont dans l’attente pour pouvoir aller en vacances et se reposer. A l’origine de cette situation un mouvement d’humeur des payeurs de la direction des bourses qui sont soucieux de leurs avenirs, puisque l’Etat en décidant d’octroyer à tous les étudiants allocataires et boursiers, une carte bancaire dès la rentrée prochaine, menace ainsi les payeurs qui seront obligés d’aller en chômage. L’avenue Cheikh Anta Diop est ainsi le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants, paralysant du coup toute la circulation. Le campus social qui devrait être libéré normalement mi-août risque de se prolonger avec cette situation au grand dam des étudiants qui sont obligés d’employer l’intifada pour mettre la pression sur les autorités. Chaque jour les étudiants font le gué dans des situations extrêmement pénibles, puisqu’ ils sont obligés de se lever de très bonne heure pour espérer recevoir leurs argents. Des listes sont confectionnés dès minuit pour les premiers arrivants et à 5heures du matin pour les seconds. On ose espérer que cette situation sera vite réglée pour qu’enfin l’air soit respirable, avec les grenades lacrymogènes que les forces de l’ordre lancent pour contrecarrer les offensives des étudiants.
C’est la saison des pluies qui démarre comme vous le savez au Sénégal avec ces lots de déboires. Rien qu’à Dakar on note à la date du 10 août, 118,2 ml d’eaux enregistrées de cumul saison – total pluviométrique du début de la saison à la date du jour en mm – selon l’agence nationale de la météorologie qui est une période de pluie normale. C’est aussi la période la plus redoutée puisque elle entraîne au niveau des populations une recrudescence de maladies hivernales liées à la stagnation des eaux de pluies. Le paludisme, la grippe, les diarrhées ne sont que les résultantes d’un manque d’hygiène, aggravés par la non évacuation des eaux de pluies. Partout on observe des flaques d’eaux et certaines routes sont presque impraticables comme le tronçon qui mène vers la route de Boune (banlieue dakaroise). Chaque année c’est le même décor, on attend que l’hivernage passe et pendant ce temps les populations prennent d’assaut les centres hospitaliers qui ne sont pas souvent à la portée de toutes les bourses. Pour guérir, il faut prévenir et je me rappelai qu’avant le début de l’hivernage, le service d’assainissement de la ville de Dakar faisait des curages pour faciliter l’évacuation des eaux de pluies, mais ces pratiques sont reléguées aux oubliettes. Pour beaucoup d’habitants, l’arrivée de l’hivernage est le début des calvaires avec les ordures et les flaques d’eaux et c’est presque impossible de circuler convenablement. Au niveau de l’université Cheikh Anta Diop, c’est la même situation, les piétons sont obligés de longer les abords de l’avenue pour pouvoir pénétrer dans le campus universitaire. Ce qui désole, c’est l’absence d’une politique de prévoyance, les autorités municipales et politiques ne font rien pour pallier à cette situation qui dure depuis des années.
Assistons-nous à une crise des valeurs au Sénégal ? Tout porte à le croire au regard des phénomènes qui se passent dans ce pays. Les jeunes sont désemparés avec le manque d’emploi et l’indifférence des politiques qui avaient formulés des promesses fermes, pour insérer ces forces vives, les ménages sont appauvris avec les spéculations sur le riz, le gaz qui se fait rare et même les retraités sont menacés avec les rumeurs sur la vente de leurs actions à la Sonatel. Beaucoup d’affaires sont passées sous silence, un juge de la république qui meurt dans des circonstances douteuses, les chantiers de Thiès qui nous laissent sur notre faim, le peuple ne connaît toujours pas la fin de l’histoire, si M. Idrissa Seck a été accusé puis libéré pour fautes de preuves, qui sont alors les coupables ? Un entrepreneur amoureux de son pays et travailleur hors pair en l’occurrence M. Bara Tall en disgrâce avec le gouvernement, est écarté de la plupart des appels d’offres, la liste des mécontentements est longue et ne saurait apaiser le climat qui règne actuellement au Sénégal.
La tenue des assises par des citoyens sénégalais libres et soucieux de l’avenir du pays n’a pas été sans heurts avec des menaces, des intimidations du gouvernement à l’encontre des organisateurs. La dernière affaire qui alimente l’actualité sénégalaise est le bras de fer entamé par le gouvernement à l’encontre des journalistes. Que s’est-il donc passé ? C’était lors du match de football du 28 juin opposant l’équipe nationale sénégalaise à l’équipe du Libéria. Deux journalistes Boubacar Kambel Dieng de la radio Futurs Médias (Rfm) et Karamokho Thioune de West african démocratic radio (Wadr) sont victimes d’agressions policières. Le chef de l’Etat et Le ministre de l’intérieur blanchissent les policiers et imputent la responsabilité des faits aux deux journalistes qui ont provoqué leurs bastonnades par les éléments de brigades d’intervention polyvalente de la police. L’affaire qui est pendante devant la justice, déclenche la colère de l’association pour la protection des journalistes qui réclament justice. Après les journées noires qui se succèdent au Sénégal, journée sans eau, sans lumière, sans pain … , les journalistes décident de lancer la journée sans presse pour manifester contre l’attitude du gouvernement. Une autre agression vient d’alimenter le débat , lors de la visite du président sénégalais invité par l’association des journalistes noirs de Chicago, avec l’agression du journaliste Souleymane Jules Diop – exilé au Canada – , ancien conseiller en communication de l’ex premier ministre Idrissa Seck par la garde rapprochée du président. De quoi a-t-on peur si l’on est aussi démocrate ?
La liberté d’expression garantit par la constitution a-t-elle été modifiée à l’insu des sénégalais ? Force est de constater que les journalistes sénégalais sont aujourd’hui menacés dans l’exercice de leurs professions même leur statut est actuellement décrié par les politiques. Comment un ministre peut –il publiquement déclarer une guerre à la presse, en fustigeant ces professionnels qui ont joué leurs rôles historiques dans l’alternance démocratique au Sénégal. Je parlai de la crise des valeurs mais quand ces valeurs ne sont plus reconnues même chez les politiciens cela inquiète et je crois qu’il va falloir revoir la nomination des ministres, certains comportements ne sont pas dignes d’une république. Crises également dans l’appareil législatif avec l’adoption par les députés d’une nouvelle loi modifiant la durée du mandat du président de la République qui passe ainsi de 5 ans à 7 ans avec un léger amendement pour spécifier que cette modification ne concerne pas le mandat actuel du Président. Cette adoption a suscité des résistances dans le camp présidentiel, certains députés comme Moustapha Cissé Lô ont eu le courage de ne pas cautionner cette modification. Et le peuple a t-il été consulté par référendum comme il sied de le faire pour un problème aussi crucial ? Si c’est l’après Wade qui en jeu actuellement, laissons les sénégalais décidés par eux-mêmes, c’est la voie salutaire pour une paix durable.