La presse sous pression

Faut-il sauver la démocratie au Sénégal

Assistons-nous à une crise des valeurs au Sénégal ? Tout porte à le croire au regard des phénomènes qui se passent dans ce pays. Les jeunes sont désemparés avec le manque d’emploi et l’indifférence des politiques qui avaient formulés des promesses fermes, pour insérer ces forces vives, les ménages sont appauvris avec les spéculations sur le riz, le gaz qui se fait rare et même les retraités sont menacés avec les rumeurs sur la vente de leurs actions à la Sonatel. Beaucoup d’affaires sont passées sous silence, un juge de la république qui meurt dans des circonstances douteuses, les chantiers de Thiès qui nous laissent sur notre faim, le peuple ne connaît toujours pas la fin de l’histoire, si M. Idrissa Seck a été accusé puis libéré pour fautes de preuves, qui sont alors les coupables ? Un entrepreneur amoureux de son pays et travailleur hors pair en l’occurrence M. Bara Tall en disgrâce avec le gouvernement, est écarté de la plupart des appels d’offres, la liste des mécontentements est longue et ne saurait apaiser le climat qui règne actuellement au Sénégal.
La tenue des assises par des citoyens sénégalais libres et soucieux de l’avenir du pays n’a pas été sans heurts avec des menaces, des intimidations du gouvernement à l’encontre des organisateurs. La dernière affaire qui alimente l’actualité sénégalaise est le bras de fer entamé par le gouvernement à l’encontre des journalistes. Que s’est-il donc passé ? C’était lors du match de football du 28 juin opposant l’équipe nationale sénégalaise à l’équipe du Libéria. Deux journalistes Boubacar Kambel Dieng de la radio Futurs Médias (Rfm) et Karamokho Thioune de West african démocratic radio (Wadr) sont victimes d’agressions policières. Le chef de l’Etat et Le ministre de l’intérieur blanchissent les policiers et imputent la responsabilité des faits aux deux journalistes qui ont provoqué leurs bastonnades par les éléments de brigades d’intervention polyvalente de la police. L’affaire qui est pendante devant la justice, déclenche la colère de l’association pour la protection des journalistes qui réclament justice. Après les journées noires qui se succèdent au Sénégal, journée sans eau, sans lumière, sans pain … , les journalistes décident de lancer la journée sans presse pour manifester contre l’attitude du gouvernement. Une autre agression vient d’alimenter le débat , lors de la visite du président sénégalais invité par l’association des journalistes noirs de Chicago, avec l’agression du journaliste Souleymane Jules Diop – exilé au Canada – , ancien conseiller en communication de l’ex premier ministre Idrissa Seck par la garde rapprochée du président. De quoi a-t-on peur si l’on est aussi démocrate ?
La liberté d’expression garantit par la constitution a-t-elle été modifiée à l’insu des sénégalais ? Force est de constater que les journalistes sénégalais sont aujourd’hui menacés dans l’exercice de leurs professions même leur statut est actuellement décrié par les politiques. Comment un ministre peut –il publiquement déclarer une guerre à la presse, en fustigeant ces professionnels qui ont joué leurs rôles historiques dans l’alternance démocratique au Sénégal. Je parlai de la crise des valeurs mais quand ces valeurs ne sont plus reconnues même chez les politiciens cela inquiète et je crois qu’il va falloir revoir la nomination des ministres, certains comportements ne sont pas dignes d’une république. Crises également dans l’appareil législatif avec l’adoption par les députés d’une nouvelle loi modifiant la durée du mandat du président de la République qui passe ainsi de 5 ans à 7 ans avec un léger amendement pour spécifier que cette modification ne concerne pas le mandat actuel du Président. Cette adoption a suscité des résistances dans le camp présidentiel, certains députés comme Moustapha Cissé Lô ont eu le courage de ne pas cautionner cette modification. Et le peuple a t-il été consulté par référendum comme il sied de le faire pour un problème aussi crucial ? Si c’est l’après Wade qui en jeu actuellement, laissons les sénégalais décidés par eux-mêmes, c’est la voie salutaire pour une paix durable.

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Version imprimable | Actualités | Le Mercredi 30/07/2008 | 0 commentaires