Finalement les élections législatives ont bel et bien eu lieu au Sénégal. Avec un taux très faible de participation (38% selon les dernières estimations non encore officielles) l'on est en droit de se demander, si c'est la politique du boycott de l'opposition significative qui a pris effet, ou si c'est au contraire un mépris de l'électorat sénégalais, qui ne croit plus à l'importance d'élire des représentants du peuple à l'assemblée nationale ?.Jamais dans l'histoire politique du Sénégal – en prenant bien sûr en compte les avancées démocratiques comme l'élaboration d'un fichier électoral, la maturité de l'électorat – un si faible taux de participation n'a été enrégistré. A qui la faute ?
Quelque soit les explications, force est de constater que cette démocratie que les sénégalais étaient fiers de brandir, est entrain de reculer. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, tel semble être le leitmotiv d'une partie de l'opposition sénégalaise, qui veut discréditer le régime du président Abdoulaye Wade. De l'autre côté présidentiel,la tendance est de dire – excusez-moi l'expression – les chiens aboient et la caravane passe, puisque selon le ministre de l'intérieur M. Ousmane Ngom responsable de l'organisation des élections: «le vote est un acte libre mais il faut tirer les conséquences. Des décisions seront prises à la place de ceux qui n’ont pas participé. Ils n’auront pas droit au chapitre» (voir le journal sud quotidien du 4 juin).
Les politologues ont de la matière d'autant plus qu'il n'est pas du tout facile de cerner les motivations,les causes et les conséquences d'un tel acte. Est-ce un acte anti-démocratique de la part de l'opposition ayant pris part au boycott ? Est-ce raisonnable pour cette opposition qui avait en effet participé à l'election présidentielle sur la base et l'acceptation du fichier électoral, pour ensuite se rebiffer pour les législatives ? Pourquoi le parti au pouvoir et ses alliés n'ont pas voulu revoir les failles du fichier électoral ? Pourquoi Wade a refusé de rencontrer les chefs de partis de l'opposition malgré les différentes médiations – Hommes politiques (Pierre Goudiaby Atépa, Pr Babacar Gueye, société civile sénégalaise, Union européenne en particulier – ? .
C'est dire que cette situation est lourde de conséquence pour le peuple sénégalais qui ne demande que la paix, la justice, le travail pour tous et une meilleure prise en compte des destinés du pays.
Je serais d'avis pour revoir le fichier électoral dans son ensemble, il doit être clairement élaboré, de façon à ce qu'il y est le moins de contestations possibles. Que sont devenus les 68 % restants de la masse électorale ?. Déjà lors du vote des militaires et paramilitaires qui avaient eu lieu une semaine auparavant, le faible taux de participation a été constaté.
L'on s'attend à des coudées franches entre les politiciens, puisque l'opposition significative amenée par le « Front SIGGIL Sénégal» promet de continuer la lutte et de ne pas reconnaître la légimité de la future assemblée. Pire, elle menace même d'instaurer un gouvernement parallèle.
Avec le nombre de députés qui passe de 120 à 150 – augmentation de la masse salariale de 210 millions de francs soit 320.142,936 Euros – et l'instauration du Sénat le président Wade s'entoure de garanties pour gouverner confortablement. Que nous réserve les prochains jours ? Difficile de le prévoir, mais gardons espoir le dialogue finira par triompher surtout que les hommes politiques sénégalais nous ont habitué à des retournements de situation. Le seul fait qui m'inquiète, c'est le mutisme des hommes religieux, sur un tel danger à savoir une assemblée monocolore.
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