Assises nationales au Sénégal

Reflexions autour de la vie politique

La voix du dialogue et de la concertation, tel est le menu des assises nationales convoquées par les partis de l'opposition et la société civile. Présidé par son excellence Amadou Moctar Mbow (ancien directeur général de l'Unesco), ces assises sont pour les organisateurs l'occasion de se pencher sur les problèmes cruciaux que traversent le Sénégal. Crises conjoncturelles ou structurelles, toujours en est-il que le citoyen sénégalais peine à s'assurer le minimum d'existence –pénurie d’eau dans la capitale–, à savoir se nourrir, se loger, se soigner, même l'instruction est menacée à travers les grèves répétitives dans l'enseignement. Les crises n'en finissent pas même si certaines relèvent d'une situation mondiale avec la flambée du prix du pétrole, il était nécessaire de réfléchir sur les voies et moyens pour assurer aux sénégalais un minimum vital. Le Sénégal appartient bien sûr aux bonnes volontés qui sont animées d'un sentiment commun  pour changer le destin du pays dans la bonne direction, toutes les contributions sont à prendre en compte pourvu que le peuple en tire bénéfice. On dit souvent que le Sénégal est le pays du dialogue, donc pareille initiative ne devrait en principe choquer personne. Le parti au pouvoir faudrait-il le rappeler a pu bénéficier du concours d’une coalition de partis pour accéder à la magistrature, lui permettant de réaliser l’alternance politique. Cette alternance intervenue en 2000,  est une victoire avant tout du peuple sénégalais qui voulait changer avec une certaine forme de gouvernance après 25 ans de règne du parti socialiste que dirigeait M. Abdou Diouf. Le premier bilan de cette alternance est plutôt mitigé et 2007 était l’occasion pour les sénégalais de réfléchir sur ce septennat. Avec 56 % de voix totalisés en 2007, le président Abdoulaye Wade reprenait de nouveau le destin du pays mais la situation politique économique et socioculturelle est plus qu’alarmante au vu des nombreuses protestations des partis d’opposition qui s’inquiètent des dérives du pouvoir en place au point de convoquer l’ensemble des citoyens autour d’une table pour discuter des problèmes nationaux. En passant force est de constater que certains partis politiques qui réclament les assises ont leurs responsabilités dans cette situation puisqu'ils ont été les premiers à apporter leurs voix au parti au pouvoir et même certaines personnalités de la société civile ont participé à ce gouvernement issu de l'alternance.
Il fallait un symbole, une personnalité au dessus de toutes les obédiences pour présider ces assises et M. Moctar Mbow était la personnalité choisie. Outre cette personnalité, on notait la présence de M. Babacar Ndiaye (ancien directeur général de la Banque africaine de Développement), M. Ibrahima Fall (ancien sous secrétaire général des Nations Unies) des personnalités religieuses et de la société civile qui la plupart n’ont jamais fait de politique, sans compter d'anciens généraux de l’armée à la retraite.
 
La constitution sénégalaise garantit le droit de se réunir, de donner son libre opinion et c’est incompréhensible  que pareille initiative puisse déranger, d’autant plus que ces assises n’ont pas pour vocation de remettre en cause la légitimité du pouvoir en place, mais surtout contribuer au renforcement de la démocratie sénégalaise. Les intimidations proféraient par certains membres du pouvoir en place à l’encontre de M. Mbow et des participants aux assises sont incompréhensibles et inadmissibles pour un pays de droit. M. Mbow incarne toutes les vertus de droiture de sincérité mais surtout de probité intellectuelle et le fait de s’attaquer à ce symbole, c’est une insulte à la démocratie sénégalaise, l’âme du peuple sénégalais. De quoi a–ton peur ? Sur le fonds la légitimité du pouvoir en place n’est pas remis en cause, c'est la forme qui gêne certainement, alors parlons en. Le parti au pouvoir  invitait à prendre part aux assises à refuser sous prétexte que ces assises remettaient en cause la légitimité du pouvoir du Président Abdoulaye Wade. Que nenni ! Il s’agit juste de contrôler la gestion publique du pays au regard des nombreux milliards qui circulent dans le pays et dont le citoyen n’a aucune prise. Mettre le doigt là où il faut et quand il faut remédier à cette situation, telle est la divise des initiateurs de ces assises. Il y a eu des menaces certes, des pressions sur toutes les personnes participantes mais aujourd’hui la situation est critique, grave pour espérer une quelconque soumission. Au nom de la transparence, et surtout au nom du peuple, ses voix se sont levées pour éviter les dérives, les mauvaises habitudes qui empêchent le pays de se développer et d’en faire  profiter aux sénégalais qui chaque jour se demandent comment seront fait les lendemains. C'est le rôle dévolu aux parlementaires qui dans ce contexte ne jouent pas véritablement leurs rôles pour défendre les intérêts des plus démunis.
M. Mbow l’a compris et c’est pourquoi il a entamait un voyage à Paris pour expliquer à la diaspora sénégalaise les buts de sa mission. Il ne s’agit nullement des assises organisées par les partis de l’opposition en l'occurrence le"Front Siggil Sénégal", même si nous leur devons l’initiative mais des assises citoyennes par et pour le peuple sénégalais. On vient de noter la démission du premier vice président des assises M. Ndiaye Babacar mais pour qui connaît cet homme, on ne doit pas se tromper sur son acte. Il s’est expliqué dans les journaux ce matin
Si les assises se transforment en tribunal, ce serait un échec, on aimerait juste que ces assises deviennent un garde-fou pour la démocratie sénégalaise.
Pour de plus amples informations : http://www.assises-senegal.info/
 

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Version imprimable | Actualités | Le Lundi 16/06/2008 | 0 commentaires